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Nancy Huston et Nina Bouraoui partagent une identité composite. Quitter le Canada anglais ou l’Algérie et s’établir en France s’avère un voyage tout aussi problématique qu’il semble à première vue. La construction identitaire suppose les mêmes facteurs pour les deux écrivaines de langue française. La famille, notamment les relations avec les parents, sont définitoires pour le futur adulte. Identification ou rejet- tout se joue en gamme majeure. L’expérience de l’altérité est un défi à relever : source de découverte de soi et de l’Autre, source aussi de destruction, à la suite d’une agression qui, faute de prise en charge, peut anéantir. Le « moi » adulte, « français », se voit confronté au « moi » du pays d’origine, pays lointain, au « moi » donc d’un ailleurs affectif mais géographique également. La géographie natale peut être tout aussi importante que la langue maternelle. Le pays de l’enfance reconquiert sa place de choix, surtout avec le temps. La mémoire individuelle rejoint la mémoire de la communauté d’origine et tout n’est pas nostalgie paisible non plus. L’écriture, enfin, espace magique pour les écrivains expatriés, devient, alors, à la fois pays, aide psychologique, déclaration de (res)sentiments, récit du devenir personnel, rempart contre la folie, bonheur pur. L’identité multiple est, pour les deux écrivaines, un questionnement et une (re)configuration qui n’ont pas de fin. |
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