REZUMAT: |
Que la philosophie de Lévinas soit authentiquement phénoménologique ou qu’elle relève, par
contre, d’une incompatibilité foncière avec ce courant de pensée, c’est une question encore
largement débattue par les commentateurs. Mais peut-être que cela ne pourrait pas être autrement
dans le cas d’un penseur, qui, tout en se revendiquant de la phénoménologie, ne cessait pas dans
le même temps de proclamer son dépassement vers une « éthique comme philosophie première ».
Les appréciations de cette prétendue incompatibilité entre la pensée de Lévinas et la
phénoménologie divergent en fonction de l’approche positive ou critique de cet oeuvre. Certains
y voient le signe de l’originalité d’une pensée qui aurait définitivement surpassée la
phénoménologie vers une conception singulière de l’éthique – c’est le cas, grosso modo, de
l’exégèse anglo-saxonne par exemple. D’autres, par contre, pensent que cette incompatibilité
serait en fait l’effet d’un certain « double jeu » de Lévinas, qui, tout en récusant, d’un côté, la
phénoménologie prise pour point culminant de la tradition philosophique occidentale oublieuse
de l’Autre, se prétendrait, de l’autre côté, inspiré par la méthode phénoménologique, pour mieux
masquer par une pseudo-description ses thèses théologiques et métaphysiques acquises d’avance. |
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